Texte de l'artiste - Artist Statement 

Texte de présentation de ma démarche artistique:

Mon rapport avec la pratique artistique a vraiment commencé vers les années soixante- dix, en tant qu’étudiante des écoles d’art de Paris ( Académie Julian, Ecole nationale supérieure des arts appliqués et des métiers d’art, Ecole nationale supérieure des beaux -arts). Je passais presque tout mon temps à dessiner et à peindre avec passion et joie.  Mais, c’est seulement vers la fin de mes études aux Beaux-Arts_ un jour dans l’atelier de dessin de mon professeur Jean Marie Granier_  j’ai  eu le sentiment que je ne pouvais plus me passer de dessin et des couleurs, que je ne pouvais pas faire autre chose dans la vie.

D’ailleurs, je dois ajouter que sans mes divers professeurs je n’aurais jamais pu devenir artiste, pénétrer et comprendre l’univers de la peinture. Aujourd’hui encore, il m’arrive de penser  à eux,  à ce qu’ils essayaient  de nous apprendre, à moi et aux autres élèves.

Je me souviens des riches cours d’histoire de l’art de Gaëtan Picon, de l’enseignement de sculpture de Maurice Calka dans son atelier et, surtout, de Albert Zavaro, mon professeur de peinture ainsi que de Jean-Marie Granier mon professeur de dessin.

Concernant ma formation artistique, je dois préciser aussi que j’ai fait un stage de poterie à Paris et un stage d’apprentissage consacré au tapis persan, au musée Baharestan à Téhéran. J’ai suivi vers 1972 des cours de miniature chez le célèbre miniaturiste iranien  Mohamad Tadjvidi à Téhéran. C’est pourquoi certaines de mes œuvres ont gardé, à travers les motifs des tapis iraniens ou les dessins de la miniature persane, la trace de mes expériences en Iran.

On retrouvera souvent dans  mes peintures et dessins des reflets de mes souvenirs d’enfance car, les motifs iraniens y sont présents spontanément : la paisible maison familiale, entourée par des montagnes ; avec ses pièces, ses coins tranquilles, ses terrasses, ses fenêtres, ses rideaux, son beau jardin et ses arbres, toute cette atmosphère calme et rassurante, à une époque où il n’y avait pas ces immenses immeubles  à Téhéran, quand  le ciel y était encore bleu de Perse. Mélancolie de bonheurs passés.

 

Je suis rentrée en Iran en 1980, au début de la révolution islamique. J’ai donc vécu cette tragique période de bouleversements : la guerre entre l’Iran et l’Iraq, la dite « révolution  culturelle », les restrictions des activités artistiques et culturelles, les lourdes pesanteurs quotidiennes…etc.  Malgré tout, j’ai continué à peindre et à dessiner, suivant toujours mon inspiration personnelle mais, dans les nouveaux contextes. D’ailleurs, j’ai dû travailler surtout la nuit, lorsque la maison et la ville respiraient plus calmement, dans un sommeil profond. Aussi, dans mon travail artistique de ces années  un espace-temps différent  et imaginal prédomine, les couleurs et  les objets changent, mes  perspectives évoluent : les frontières entre l’intérieur et l’extérieur, le dehors et le dedans, l’ombre et la lumière, le jour agité et la nuit calme, le manifeste et le caché s’estompent. Toutefois, je garde des lignes, des seuils, des tissus, des rideaux plus ou moins légers, un peu  pour distinguer, surtout pour  protéger : voiler et refouler la réalité, au pays du voile imposé. On peut donc y voir une quête de paix  et de sérénité, une réaction à la violente réalité, à la pression sociale plus ou  moins subie. Dans nombre de mes œuvres, ma famille est présente, reflétant mes préoccupations ou  mes aspirations : mes enfants, mes sœurs (ou mon mari) viennent  remplacer  les  personnages ou les motifs d’antan. Mais, si les paysages de Paris.et mes modèles  de l’Ecole des Beaux-Arts quittent mes toiles, ils y oublient  une tasse de café ou de thé. Comme si ma mémoire tenait à préserver leur doux souvenir.